Notre homme est bâti comme un taureau et impose facilement son poids. Les muscles épais, les épaules rondes, Diolando est une force de la nature mesurant 1m86 pour 108kg. La mâchoire carrée et le nez caractériel voisinent avec un regard de velours et des lèvres pleines, délicates. Il y a de la douceur sous cette carcasse.

De loin, Diolando parait bouger lentement. De près, ses phalanges peuvent s’écraser sur vos tronches avec fulgurance.

Autrefois fort en gueule et plutôt jovial, Dio a beaucoup changé après la mort de Déa. L’influence nosfer pèse aussi pour beaucoup. C’est aujourd’hui un taiseux à l’aura cireuse, parfois grotesque et romantique, qui ne rit plus. C’est un exécutant (un exécuteur aussi), qui œuvre pour la coterie avec une rare placidité. Il ne craint pas la mort. Du reste, il y a longtemps aspiré. Il aime cuisiner et soigner les chevaux. Il ne se méfie pas des enfants et des animaux, mais de tout le reste. Sa partenaire lui tire parfois un sourire. Il est attaché à elle par un sombre lien de sang.

Diolando est un physique. Endurant, résistant, il boxe bien et vise juste.

Notre homme né à Bellport et grandit dans une ancienne famille de pêcheurs, dans le bar que tiennent ses parent. Pour les Estocado, la pêche n’est qu’un lointain héritage, des photos jaunies sur les cloisons du bouge qui accueille les arsouilles à toutes heures. On guinche les tempes en sueur sur de la musique électrique, on joue aux dés et aux cartes, on boit de la bière et du rouge, on rit gras, on se palpe une fesse ou on se pince un téton, on baise aux chiottes. Naviguant entre ces personnages tonitruants, titubants et rigolards, Diolando passe directement de l’enfance à l’âge adulte, en moins de rien. Là où il vit, c’est mieux comme ça. Il reçoit toutefois beaucoup d’amour de ses parents.

A 15 ans il travaille dur sur les docks et les chantiers. A 17 ans il se forme à la conduite de super-attelages qui acheminent la marchandise dans le district. Il aime les chevaux et méprise ces machins mécaniques que les bourgeois appellent « Destrecaux ». Sur son temps libre, il tire la mouette pour rigoler avec les copains, se bagarre à coups de poing avec des bandes rivales et tombe amoureux tous les mois. Avec sa bande, c’est les 400 coups et de solides amitiés forgées dans la galère et l’alcoolisme.

Déa est le troisième épisode de sa vie. La femme qui lui fait oublier toutes les autres, celle qui va le faire grandir, lui polir la moelle. Il a 23 ans lorsqu’il rencontre l’amour, le vrai. Elle est frêle et diaphane, longue et évanescente, l’œil noir et le rire solaire. Il l’aime de tout son cœur et se met à vieillir à ses côtés.

Deux ans plus tard, Déa vit une fausse-couche et maigrit encore. Sans le sous, Diolando décide de réagir. Ils ne peuvent plus vivre comme ça, dans ce quartier pourri de Wastingham. La dernière fois qu’elle est tombée malade, Dio a failli la perdre. Notre homme passe donc de l’autre côté de la barrière et cesse de jouer le jeu. Fini les cacahuètes, envoyez la monnaie. Il réduit sa consommation d’alcool et se met à vendre de la trotteuse et de l’oxytab. Il creuse son réseau et bientôt ce sont des armes qu’il trafique. L’argent coule à flot et il pourra bientôt offrir une petite maison à sa femme dans l’ouest de Middlefall. Ils auront un enfant là-bas, il y croit dur comme fer.

Lorsque Déa meurt dans ses bras, emportée par la maladie, Diolando reste deux jours sous le choc, berçant le cadavre comme un fou échappé de l’asile. La famille de la défunte est inexistante. Dio est seul à l’enterrement et le dégoût qu’il éprouve face au fossoyeur lui tire un crachat un bile. S’en prenant violement à l’homme et sa pelle, il le fout parterre et s’empare du corps de la défunte pour disparaitre dans la brume. Quelques heures plus tard, il dresse un lit de bois à Déa et y met le feu. Son regard brun et délavé suit la trajectoire de la fumée, la direction qu’emprunte l’âme de son amour à jamais perdu. Il restera planté là, sur la côte venteuse, jusqu’à la dernière flammèche, l’ultime braise.

Et c’est une longue descente aux enfers. Diolando s’abime, abuse des psychotropes pour toucher Déa dans ses hallucinations. Bientôt, il mourra lui aussi.

Mais il fait une rencontre salvatrice. Elle est nosfer et lui suce le sang. Elle est une personnalité incroyable et lui plonge la tête dans son vomi pour le rincer ensuite à grandes eaux. Cette créature le lessive et décide de le remettre sur pieds. Elle lui trouve une utilité et bientôt elle éprouve une sorte d’attachement pour cet homme. Et elle lui redresse sèchement le menton quand celui-ci s’affaisse. Diolando Estocado devient cocher et porte-flingue pour les caïnites. Un peu plus tard, il est le pilier sur lequel peut s’adosser notre redoutable nosfer. Il prend part aux opérations qui servent les intérêts de la coterie avec sang-froid et professionnalisme. Car Dio sait garder un secret, il est imposant et vise juste. Des qualités dont la société vampirique sait tirer profit.